AFP/AAC Bulletin #31

Association Canadienne des pensionnés et rentiers militaires Numéro #31 • novembre 2018 C ertains anciens combattants cana- diens, particulièrement ceux ayant servi durant la guerre du Golfe, demeurent préoccupés des risques pour la santé posés par l’uranium appauvri (UA), bien que les nombreuses recherch- es menées à ce jour laissent croire que l’exposition à l’UA ne pose pas de risque majeur pour la santé. En raison de ces préoccupations, le ministre canadien des Anciens Combattants a demandé à un comité indépendant, le Comité consul- tatif scientifique sur la santé des anciens combattants, de procéder à un examen approfondi des publications scientifiques sur l’UA en vue d’évaluer la probabilité que des militaires canadiens présentent des effets néfastes pour la santé at- tribuables à l’UA. Pour comprendre la situation, il est important de savoir que l’uranium (U) est un élément radioactif qui existe sous différentes formes (isotopes). Bien que l’uranium soit radioactif, il est présent naturellement dans les aliments et l’eau à des concentrations qui ne sont pas jugées nocives pour notre santé. L’UA est un sous-produit du procédé d’enrichissement permettant d’utiliser l’uranium pour la production d’énergie nucléaire. L’UA est moins radioactif et beaucoup plus dense que l’uranium, ce qui le rend utile pour des applications militaires, dont la fabrication de blind- ages et comme agent durcissant sur les pointes des obus perforants. Les obus perforants à l’UA ont été utilisés lors de la guerre du Golfe et durant le conflit des Balkans où il a été démontré qu’ils pouvaient facile- ment pénétrer des cibles dures, tels des véhicules blindés et des chars d’assaut. En frappant sa cible, l’UA crée de petites particules pouvant être inhalées ou ingérées par les soldats à proximité. De plus, les gros fragments peuvent se loger dans leur corps. Dans les deux cas, la présence d’UA dans le corps est considérée comme au moins 20 fois plus dommageable par dose unitaire que le rayonnement gamma ou les rayons X. Il peut provoquer le déclenchement rapide d’effets toxicologiques, principale- ment au niveau des reins, et des effets radiologiques plus lents à se développer, principalement au niveau des poumons et des ganglions lymphatiques adjacents. Malheureusement, il est actuellement impossible de mesurer avec précision la quantité d’UA à laquelle un militaire a pu être exposé sur le champ de bataille. Il est ainsi difficile d’attribuer tout effet nocif sur la santé à l’exposition à l’UA. L’exposition peut cependant être estimée indirectement, par exemple en mesurant les concentrations d’UA dans l’urine, méthode employée couramment par le Canada et ses alliés. Deux autres méth- odes servant à estimer l’exposition qui se sont avérées fiables sont la modélisation, ainsi que les simulations par tirs réels, ont été utilisées par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Un certain nombre d’anciens com- battants canadiens qui ont contracté une mystérieuse maladie insiste à dire qu’ils souffrent ainsi en raison d’une expo- sition à l’UA. Une autopsie menée par un médecin américain sur un vétéran canadien ayant servi durant la guerre du Golfe et étant tombé malade par la suite a révélé des concentrations élevées d’uranium appauvri dans les os de cet ancien soldat. D’autres vétérans mettent en relief ces découvertes étant donné qu’ils souffrent également de symptômes invalidants. Mais pour l’instant, la seule admission que l’UA pourrait être relié d’une certaine façon aux vétérans est venue sous la forme d’une déclaration effectuée en 2000 par le ministre de la Défense de l’époque, Art Eggleton, qui avait alors annoncé que les Forces can- adiennes offriraient des tests d’uranium appauvri à quiconque le demanderait. Plus tard, ce même printemps, Anciens Combattants Canada a suivi le mouve- ment en offrant de couvrir les coûts des tests d’uranium appauvri pour tous les membres libérés des Forces. Au total, 230 individus ont été testés et aucun d’entre eux n’a affiché de concentrations d’uranium appauvri au-dessus de la normale dans le corps. Pour mieux comprendre les effets néfastes de l’UA sur la santé, le Comi- té consultatif scientifique mentionné précédemment a examiné de nombreuses études menées auprès de civils (travail- leurs des mines d’uranium et des usines de traitement de l’uranium) qui ont subi une exposition professionnelle de longue durée à l’uranium. Même s’il s’agit d’expositions à l’uranium plutôt qu’à l’UA, elles fournissent néanmoins de bonnes mesures de substitution, étant donné que la voie d’exposition (inhalation) est simi- laire, tout comme les effets toxicologiques, bien que la radioactivité de l’UA est de 40 % inférieure à celle de l’uranium. Simul- tanément, le Comité a également examiné des études sur l’incidence du cancer et sur la mortalité menées par plusieurs pays de l’OTAN auprès de leurs militaires déployés à des endroits où des armes à l’UA ont été utilisées. Le Comité en est arrivé aux con- clusions suivantes, tel que souligné dans son rapport publié en 2013 : • L’uranium appauvri (UA) peut être nocif pour la santé humaine en raison de ses effets chimiques et radiologiques. • Dans le contexte militaire, les per- sonnes qui risquaient le plus d’être exposées à l’UA sont celles qui se trouvaient à bord ou à proximité d’un véhicule frappé par un tir frat- ricide; qui ont pénétré dans un tel véhicule en feu ou qui se trouvaient à proximité; qui se trouvaient près d’un incendie dans lequel des muni- tions à l’UA brûlaient; qui ont par- ticipé à des opérations de récupéra- tion de véhicules endommagés; ou L’uranium appauvri et les anciens combattants canadiens

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